Magic Drogba

Dépassé, le racisme anti-noir ? Puérilité : croire qu’un cours d’éducation civique résoudra le « problème du racisme ». Un exemple. On lit dans le Parisien (qui appartient à Bernard Arnault) aujourd’hui cet échange entre médecins :

« Dans la séquence, Jean-Paul Mira, docteur à l’hôpital Cochin de Paris, s’adressant au professeur Camille Locht de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) dit: « Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique où il y n’a pas de masque, pas de traitement, pas de réanimation… un peu comme cela s’est fait pour certaines études avec le sida où chez les prostituées on essaie des choses parce que l’on sait qu’elles sont hautement exposées et parce que elle ne se protègent pas« . »

La réponse ne vaut pas mieux : « Le professeur Locht répond : « Vous avez raison, on est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique pour faire ce type d’approche« . »

L’ancien génie du football Didier Drogba commente alors sur twitter :

« L’Afrique n’est pas un laboratoire » ! C’est la dignité qui se rebelle contre le réel. Mais la dignité est impuissante par elle-même. « Je ne suis pas une vache à lait », dit la vache au fermier. Et lui, il continue à traire. Quand la vache s’indigne, elle commence un mouvement, mais encore faut-il savoir le finir. Si elle finit dans la moral offensée, en mode « Comment osez-vous ? », l’histoire retiendra peut-être son bon mot, mais les Noirs n’en seront pas moins cobayes. Que doit faire la vache ? S’offenser ? Oui. Mais après ? Que fait-elle dans cette ferme ? Quelle est la force mystérieuse qui l’y retient ? Comment même expliquer qu’il existe des fermes, des fermiers et des vaches à lait ? C’est quoi, exactement, cette relation bizarre entre la France et ses anciennes colonies ? Demandons plutôt : la colonisation, est-ce que c’est vraiment du passé ?

Le racisme, ce n’est pas un problème moral. Moraliser un raciste ne l’a jamais converti au respect du genre humain. C’est une conviction de supériorité raciale solidement implantée dans la culture européenne : c’est un élément de son histoire. Un ancien président de la République française, à Dakar même, n’a-t-il pas déclaré : « L’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire » ?

Et un autre président n’a-t-il pas attribué récemment les maux de l’Afrique au fait…que les femmes africaines auraient « 7 à 8 enfants » ? Que c’étaient là un problème « civilisationnel » ? Les femmes noires font trop d’enfants, elles ne sont pas encore entrer dans « l’histoire » ? Quelle histoire ? Écrite par qui ? Par les Sénégalais ? Par les Ivoiriens ? Par les Maliens ?

On dit, « le peuple est raciste, il manque de finesse, il manque de culture ». Des médecins, des présidents, c’est le « peuple » ? Mais est-ce du racisme ? Après tout… Des écarts de langage ? Des formules mal comprises ?

On peut dénoncer l’obscur tâcheron Alfred de Gobineau qui publia son Essai sur l’inégalité des races humaines, en 1853, et devint depuis lors, fort de son diplôme de rien, la référence ultime dans les études raciales occidentales. En 1859, l’ardent John Brown est pendu aux États-Unis pour avoir tenté de voler les armes stockées à Harpers Ferry en Virginie : il voulait lancer enfin la grande révolte des esclaves noirs américains pour leur émancipation, qui ne se réalisera que partiellement quelques années plus tard au terme de la guerre de Sécession.

Pourquoi la moral est si impuissante ici ? Pourquoi cette permanence de la foi en la supériorité raciale de l’homme blanc ? Simple préjugé ou « stéréotype » ? Ou folie logée au cœur de la culture européenne ? Il veut dire quoi, il vient d’où, d’ailleurs, ce mot, « Europe » ? De quelle langue, de quelle culture ? Et qui l’a appelé « Afrique », ce continent ? Les « Africains » ?

Terminons en chanson :

Addendum : comme le médecin Jean-Paul Mira en a rajouté une élégante couche, rendons lui hommage :

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