Streets of Philadelphia

Les États-Unis, première puissance mondiale ? Sans aucun doute, et encore pour un moment, même si ça craquelle de tous côtés. Mais la « puissance des États-Unis », l’expression est un peu trompeuse. Qui est puissant, en fait, aux États-Unis ? Quelle est la puissance ce ces jeunes gens détruits par le crack, qui titubent dans Kensington Avenue à Philadelphie ? Et toutes les semaines, de nouvelles images sur le compte You Tube de Kimgary, nouvelles mais qui disent la même chose : cette puissance se construit sur la destruction d’une partie de sa population. « Etats Unis », mais l’unité des États cache des divisions profondes à l’intérieur de chacun de ces Etats, et des enfants de la première puissance du monde vivent dans leurs propres déchets, au grand jour. Il y a un grand écart entre l’image qu’un pays se donne de lui-même et qu’il renvoie au monde, et la réalité qu’il refoule : une société produit son inconscient, un inconscient social.

« C’est donc ici que les gens viennent pour vivre ? Je serais plutôt tenté de croire que l’on meurt ici ». Ainsi s’exprime Malte Laurids Brigge, le personnage du poète autrichien Rilke, quand il arrive pour la première fois à Paris et qu’il découvre les usages de la ville. Le voyageur qui met un pieds aux États-Unis, et qui ne se contente pas de l’image-Disney du pays, pourrait bien penser la même chose. Il faut aussi penser à ça quand on veut juger de la grandeur et de la décadence des nations.

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