Le Walt Disney secret

Disney, d’innocents cartoons pour enfants ? Rien derrière? Rien à gratter ? Allons, pourquoi alors existerait-il…une fiche du FBI à son nom ? Est-ce que ce n’est pas qu’il existe aussi un Walt Disney secret ?

Sur cette fiche, Walt Disney est qualifié de « SAC contact » : « Special Agent in Charge – Contact ». Et le dossier du FBI est épais : 570 pages, dont 80% sont impossibles à lire, marquées au noir (et c’est bien triste). Walt Disney, un agent spécial du FBI à Hollywood en 1954 ! Mickey au service des renseignements américains ! Renseigner…mais renseigner sur qui ?

Il y a une pensée politique, chez Walt Disney. Né le 5 décembre 1901 à Chicago, sa famille déménage rapidement à la ferme dans son jeune âge. Il apprend à dessiner en reproduisant les cartoons du grand journal socialiste américain de l’époque, Appeal to reason, l’appel de la raison, auquel son père charpentier est abonné. Est-ce qu’on ne retrouve pas de cette pensée socialiste dans son personnage de Mickey, un pauvre bougre sans argent et marginal dont on épouse facilement les souffrances ?

Mais il a un autre caractère, le genre America first, l’Amérique avant tout. A la veille de la seconde guerre mondiale, en 1938, pourquoi diable a-t-il reçu la cinéaste Leni Riefenstahl pour qu’elle promeuve aux USA ce chef d’oeuvre de propagande nazie qu’est Olympia ? N’avait-il pas entendu la Ligue américaine anti-nazi s’exclamer dans toute la presse : « Il n’y a pas ici de place pour les agents nazis » ? Art Babitt, un des dessinateurs de l’équipe Disney de l’époque, n’hésite pas : Disney est un fasciste, qui assiste discrètement aux réunions du Bund germano-américain en 1940, un groupe pro-nazi créé en 1936 qui soutient Hitler et milite contre tout intervention des Etats-Unis dans le conflit européen. America first !

C’est vrai qu’il y a de l’antisémitisme, dans la première version des Trois petits cochons : Disney supprimera sa caricature du juif errant dans une seconde version, après guerre. Et puis, il n’hésite pas à afficher sa proximité avec le fascisme européen : invité par Mussolini en 1935, il projette devant la fine fleure du fascisme italien… Mickey chez les cannibales ! Des Africains représentés comme des singes anthropophages ! 3 mois avant que les Italiens ne déclenchent leur guerre meurtrière contre les Éthiopiens ! On a même retrouvé récemment des peintures de 3 des sept nains de la main…d’Hitler ! Il faut dire que Goebbels avait offert à son Führer 18 dessins animés Disney pour fêter Noël 1938…

Bon, mais quel rapport avec le FBI ? Il faut dire que Disney est membre fondateur d’une organisation éminemment conservatrice, la Motion Picture Alliance for the Preservation of American Ideals, la sainte alliance du cinéma américain pour préserver les idéaux américains. Mais sous la menace de quoi ? Des communistes, pardi !

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, aux USA, certains sont terrifiés par le péril communiste. Il faut dire, pour sinon défendre, du moins comprendre l’ami Disney, que la première grande grève à Hollywood, c’était…contre lui, en 1941. 2 mois de piquet de grève, quand même. Il a même eu recours à la mafia locale pour le sortir d’affaire contre ces maudits syndicats. Sans succès. En plein tournage de Dumbo, le gentil éléphant volant !

Voilà donc les associés de notre Ligue qui constituent des listes d’acteurs, de cinéastes, de producteurs, de scénaristes, dont ils soupçonnent une adhésion aux idéaux communistes, et ils donnent les noms au FBI : c’est le début d’une « liste noire » qui empêchera longtemps nombre d’artistes de trouver du travail à Hollywood. En 1947, il témoigne même à Washington au sujet des « infiltrations communistes » dans l’industrie américaine du cinéma :

« J’estime qu’ils doivent être débusqués, et qu’il faut les exposer pour ce qu’ils sont, afin que tout ce qu’il y a de bien, de libre parmi les causes de ce pays, toutes les valeurs libérales qui sont réellement américaines, puissent s’épanouir sans être corrompues par le communisme, » déclare-t-il devant le comité des activités anti-américaines.

Quel paradoxe… Disney vante la liberté de son pays au moment même où il collabore au plus grand mouvement de répression politique qu’aient connu les États-Unis, le maccarthysme ! Dans cette gigantesque chasse aux sorcières-communistes qui sévit dans les années 1940 et 50, des dizaines de citoyens allèrent en prison, des milliers perdirent leur travail, et un nombre bien plus grand encore de citoyens américains firent l’amère expérience de ce que l’on peut perdre si l’on a l’audace d’exprimer sincèrement son opinion politique.

Quel rapport entre la vie politique tumultueuse de Disney et son cinéma si innocent ? Est-ce que ce tempérament farouchement anti-communiste se retrouverait d’une manière subtile, presqu’inconsciente dans son art, même quand il paraît frivole ? Cinéaste engagé ? Mickey, ce n’est tout de même pas des films à thèse ! C’est vide ! Des animaux qui dansent au rythme de la musique ! D’innocentes amourettes de princes et de princesses ! Rien de politique dans le vide. A moins que faire le vide, ce soit aussi un acte politique ? Les dessins animés exprimeraient-ils sans avoir l’air ces valeurs libérales réellement américaines ? « C’est divertissant, voilà tout ! » D’accord. Mais divertir…de quoi ? Faire diversion…contre quoi ?

2 réflexions sur “Le Walt Disney secret

Laisser un commentaire