Nocif, Instagram ? Le rapport secret Facebook

Il y a un an, le trust américain de Mark Zuckerberg, qui possède entre autres Facebook, Instagram et Whatsapp, faisait face aux accusations d’une ancienne salariée estampillée « lanceuse d’alerte » par la presse française. Article de France Inter :

« Ancienne ingénieure cheffe de produit chez Facebook, elle a accusé le groupe de « [choisir] le profit plutôt que la sûreté » de ses utilisateurs, dans un entretien diffusé par la chaîne CBS (vidéo en anglais). Cette trentenaire a même été auditionnée par la commission au Commerce du Sénat américain.

Avant son départ de l’entreprise, en mai 2021, Frances Haugen avait emporté avec elle de nombreux documents issus de recherches internes à l’entreprise et confiés notamment au Wall Street Journal.

Dans un article publié mi-septembre 2021 (en anglais), le quotidien avait révélé, sur la base de ces informations, que l’entreprise effectuait des recherches sur son réseau social Instagram depuis trois ans pour en déterminer les effets sur les adolescents. »

« Instagram nuit à la santé mentale des jeunes filles », en aggravant les « complexes d’apparence d’une jeune fille sur trois. » On savait qu’Instagram utilise ses algorithmes pour mettre en avant les photos « d’influenceurs et influenceuses » en maillot de bain dans une piscine à Dubaï. Ce qu’on apprend, c’est que la société Facebook était parfaitement consciente des troubles mentaux générés sur les jeunes filles (et les jeunes hommes ?) par ce flux de corps auxquels elles ne ressembleront jamais, mais dont elles rêvent.

Instagram, ce n’est pas un flux de photos, c’est un flux d’injonctions. Les photos des réseaux rendent malades : elles n’informent pas, elles créent du rêve. Elles indiquent la panoplie d’une vie réussie, heureuse, épanouie, défiscalisée. La vie impossible d’un autre qui fait haïr la sienne. Un shoot d’auto-humiliation.

Mais ces « révélations », elles révèlent quoi sinon des banalités ? Le Congrès américain se soucie soudain de la santé mentale des jeunes américaines ? Pourquoi ne ferme-t-il pas Hollywood ? Pourquoi n’interdit-il pas les affiches publicitaires qui tapissent les rues pour dire à chacun : « Voilà ce que tu ne seras jamais ! ». La machine à frustration, ce n’est pas Facebook qui l’a inventée. Et les anorexiques n’ont pas attendu Instagram pour se faire vomir en cachette. Le débat sent l’imposture, du moins l’hypocrisie.

« Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on admire point les originaux! », notait Blaise Pascal. C’est le problème général de l’image : pourquoi regarder une image plutôt que le réel qu’elle répète, qu’elle déforme ? Fabriquer des images, c’est fabriquer des idoles. Les hommes ne regarderaient pas tant les images si elles n’avaient pas une puissance de séduction, et si elles étaient « sans effet ».

Reste la question de la nocivité d’Instagram : est-ce le réseau qui rend malade son public ? Ou ne fait-il que tirer profit d’une maladie déjà là ? Comme le croque-mort tire profit des morts, Facebook fait son beurre sur la folie des hommes ?

Dans la foulée, Frances Haugen a créé une ONG (encore une), Beyond the screen, en septembre dernier, pour « assainir les réseaux sociaux ». Je lui souhaite bon courage…https://www.20minutes.fr/sante/3124851-20210915-instagram-nuit-sante-mentale-jeunes-filles-selon-etude-menee-facebook

https://www.businessinsider.fr/lalgorithme-dinstagram-semble-mettre-en-avant-les-photos-denudees-dans-le-feed-des-utilisateurs-184736

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